Pascal Hélier

« Esprit & Matière »

D’habitude, quand on évoque ces deux termes, on aurait tendance  à les opposer, soit instinctivement, soit culturellement.
Il est vrai qu’un De Vinci sous les traits d’un Platon nous indique, par la verticalité du doigt, que l’esprit doit dominer la matière.
Depuis, pourtant, la matière s’impose à nous, anéantissant trop souvent notre faculté de sentir ce qu’aucun mot ne peut décrire.

En découvrant et en re-découvrant l’oeuvre de Michel Kirsch aucune opposition ne peut plus subsister.
Tout d’abord, le regard se pose, c’est le début d’un voyage, nos sens sont en éveil !

Ici, la matière nous parle mais ne le fait pas de manière rationnelle quand la raison seule et froide dicte ses règles et nous empêche le recul sur nous-même.
Elle le fait par notre esprit car sans lui, la matière demeure inerte.

Comment ne pas être ému ?

L’acier n’est plus Acier, l’ardoise n’est plus Ardoise. Les matièresse répondent et se fondent tout en respectant leur nature propre.
Cette complémentarité invite le regard qui glisse d’abord sur les lignes épurées. Puis le reste suit, adhérant plus encore au tempérament brut des profondeurs dans lesquelles notre esprit s’invite et s’installe,  inondé d’un repos authentique et serein.
Au centre, un fil à plomb, qu’il soit visible ou non, nous guide encore.
Il nous rappelle de quoi nous sommes tous fait ; des entrailles de la terre vers le cosmos infini.

La vibration originelle nous emporte et nous comprenons enfin qu’il existe bien plus qu’une co-existence entre vivant et non-vivant.
C’est un lien plus intime et plus subtil encore qui remplit l’espace.
L’équilibre s’impose alors grâce à la sensation qu’il nous renvoie.

Ici, rien n’est figé. Nous faisons intégralement partie de l’œuvre car l’infini du temps, à cet instant présent, nourrit l’émotion et fait vibrer en nous un supplément d’âme voyageur.

Michel Kirsch n’est pas un artiste au sens social du terme.
C’est un poète, un esprit libre, un alchimiste des sens.
Il nous parle de notre monde, libère notre esprit et nous invite à re-découvrir des mots qui n’existent que dans notre cœur et qui nous rappelle l’humilité qui s’impose à nous, très simplement.

Le silence nous parle alors et le dialogue s’installe enfin …  à  jamais !

Pascal Hélier
02/2011